The LYRES Il est une difficulté que vous ne pouvez pas soupçonner, vous qui entreprenez la lecture de cet article, c'est celle de se livrer à un travail d'introspection, de chirurgie sur la personne du groupe qui vous a le plus impressionné, séduit, envoûté depuis des années ; essayer de transcrire par des mots, par des idées "à plat" ce qui par définition ne peut être que des sentiments, émotions, négation totale de toute objectivité, tenter de dévoiler ce qu'il y a de plus intime dans les rapports que l'on entretient avec le groupe : qui d'une certaine façon a fabriqué ma compréhension du R & R et celle de bien d'autres... cette difficulté contre laquelle je lutte en ce moment aurait tendance a me faire poser le crayon, à me dire "laisse tomber, que les cons qui ne connaissent pas les Lyres se démerdent sans eux, qu'ils soient infirmes pour le reste de leurs jours, c'est la sélection naturelle...". Un groupe qui a, à ce point, accompagné et provoqué ses propres émotions, est un peu à soi et toute idée de le partager est une forfaiture. Aussi, par ces précautions préliminaires, je tiens à me dégager de toute tentatives d'établir une oeuvre de vulgarisation, personne n'en aurait rien à foutre, ou de promotion, c'est moi qui n'en ai rien à foutre. Il est juste question pour un fanzine qui se respecte, de mentionner une oeuvre majeure, un personnage, J.Conolly, qui jalonne l'histoire du R & R, comme C. Berry, R. Davies, J. Brown, Wilson Pickett et bien d'autres l'ont fait avant lui.
DMZ #1 L'histoire des Lyres me semble moins être l'histoire d'un seul homme, contrairement à ce qui a souvent été dit à leur sujet, que l'histoire de la confrontation d'une idée pure du R & R aux contingences de sa retranscription. Dans cette perspective, Jeff conolly est une idée pure, la retranscription est du domaine de la vie privée du groupe : les accusations portées sur la personnalité de J.Conolly, coups de gueule, beuveries, problème d'égo, exigence de l'absolu contrôle du groupe, refus de compromis, utilisation de musiciens commes figurants au service de sa propre personnalité, etc..., procèdent de la même confusion ; on est même allé jusqu'à lui glisser cette définition de ce qu'est un groupe : "Un groupe est un ensemble de personnes qui font exactement ce que je leur dit de faire"; chose qu'il n'a jamais dîte, mais que certains l'ont vu penser très fort. Cette attitude de porter un flamme au milieu de la mer agitée, un instinct de conservation au sens véritable du terme est une constante dans le comportement de J.Conolly au sein de différente configurations des groupes auquels il appartiendra.
J.Conolly : "J'avais quitté Darieu, Connecticut, à l'automne 75, c'est à dire quand je suis devenu étudiant à l'université de Boston : j'étudiais la musique et les Beaux-Arts. Mais j'ai arrêté d'aller en cours au printemps 76 quand ma collection de disque et DMZ m'ont pris le plus clair de mon temps."
DMZ #2 En fait, lorsque J.Conolly arrive à Boston, la scène Rock y est totalement désorganisée, le seul endroit où l'on peut entendre des groupes vraiment éclatants est "The Rat, Boston R & R Club. "Les premiers groupes que j'ai vu là étaient Willie Alexander & the Boom Boom Band, the Sea Monkeys, Reddy Teddy et le premier groupe Garage/New Wave : Mickey Clau & the Mezz. Ils avaient le même charisme que les Stooges. Je les ai vus en février 76 et je les trouvais super... ils parraissaient complètement indiscipliné et "Fuck up on Drugs !". Si ces gars-là pouvaient faire çà, alors moi aussi pensai-je, et c'est à ce moment là que je me suis engagé dans DMZ..." "Je ne faisait pas partie de la formation originale du groupe... mais j'ai vu leur premier et unique concert. En fait, je vivais dans la même chambre que leur chanteur, Adam Swartz ; j'ai su ainsi que ça n'allait pas fort avec lui. Après le sret, il s'est fait virer et c'est ainsi que que je me suis arrangé pour me faufilé dedans : je n'avais aucune expèrience de chanteur mais j'avais joué du piano électrique dans plusieurs groupes de collège." "A cette époque, Dmz sonnait comme Ben Steele & his Bare Bands : au programme des reprises des Kinks, de John Mayalkl's Blues Brakers, de Soft Machine, un mélange d'un peu tous les genres. En tous cas j'étais dans DMZ , qui ramait pour essayé de faire impression sur la scéne Rock de Boston".
DMZ #3 Juste après l'arrivée de J.Conolly en mars 76, Mike Lewis le batteur, quitte DMZ en juin pour travailler à la radio, juste quand le groupe gagnait une certaine crédibilité locale; L'arrivée à la place de Dave Robinson, la participation du groupe à la compilation " Live at the Rat" (Rat 528, dec. 76) et quelques apparitions sur la scène du Rat semblent relancer les choses. "Ca m'a pris un certain temps pour me trouver un style ; lors de notre première séance d'enregistremnt, en été 76, nous avons enregistré une reprise de "Teenage Head" des Flamming Groovies et notre premier titre original "The first Time is the best Time" (Intermédia Studio : audibles sur démo/live nov. 77 CRYPT 015). Je faisais là dessus des vocaux façon Bryan Ferry ! Je portais aussi un maquillage, parce que D. Robinson essayait de nous donner un look Glilter !" "Quand David Robinson est venu dans le groupe, les gens ont commencé à venir nous voir, parce qu'il voulaient voir le gars qui avait été dans les Modern Lover's (Légende locale au début des 70's, qui fût ensuite ressucitée avec son leader Jonathan Richman). Mais après quelques mois, il se plaignit qu'il lui était difficile de payer son loyer, et des gars d'un groupe nommé Captain Swing le persuadèrent de se joindre à leur nouveau projet qui devint par la suite... The Cars !!!"
Au même moment, l'autre Mike Lewis (le bassiste) quitte le groupe aussi (vous suivez ?). Deux musiciens sont donc engagés : Paul Murphy (batteur) et Rich Corracio (bass). "Paul Murphy avait cassé sa caisse claire pendant l'audition et on imaginait que le reste ne devait pas être en bon état. Mais après avoir essayé deux autres gars, on a décidé de le prendre. Lui et Rick était copains, tous deux originaires de Natick ; ils avaient été dans le "Children R & R Band" (dont le leader était John Felice, plus tard Real Kids) : ils étaient maquillés et faisaient des reprises des Stooges !"
DMZ #4 Pendant près de deux ans (!!) cette formation semble stable et productive. D'octobre 76 à mai 78, DMZ gagna un public de fans locaux et parmi eux Greg Shaw qui était une sorte de chercheur de talent nationaux pour son nouveau label "Bomp Magazine". Ils enregistrèrent un Ep pour lui sur lequel figuraient quatre titres (Acétate / Bomp BEP 111, sept. 77) qui contenaient en eux toute la puissance créatrice de J.Conolly, le sens du Soul développé plus tard dans les Lyres : le disque ouvrait sur le fulgurant "Busy Man", peut-être le premier titre à décliner cette utilisation si particulière de la batterie et ces inserts rythmiques changeant qui sont la signature de J.Conolly. Suit le très "Ramonsien" "You're gonna miss me" et untitre très étrange, très Basic Beat : "When I get off" et ses vocaux incantatoires, sa tension croissante... tout est déjà prêt pour assoir un style à jamais inimitable. DMZ de cette fin 77 commence à tourner le dos à ses modèle initiaux, sous l'influence "culturelle" de J.Conolly. Il ne faut pas oublier que son activité première a été et est toujours sa collection de disques. Il semble d'ailleurs que le surnon que J.Conolly s'est donné à cette époque, celui de Mono Man, vienne de ce que seuls les disques mono étaient admis a rentré dans cette collection. Celle-ci était majoritairement orientée vers les Sixties : Kinks, Pretty Things, Thems, Yardbirds, Zombies, Stones, Stooges, Thirteen Floor Elevators, Sam & Dave, Wilson Pickette, James Brown...et toutes ces influences ressortaient dans DMZ. Mais surtout, J.Conolly avaient une collection impressionante de raretés 45t, d'artistes obscurs. C'est cette culture unique des origines du R & R qui a forgé ce style si particulier, puisant ses racines à la préhistoire du Groove et de la Soul. La recherche et l'extirpation des profondeurs oubliées du R & R, de chef-d'oeuvres méconnus, est à cette époque déjà et restera durant toute l'époque future des Lyres, une des activités essentielle de J.Conolly, parrallèle à ses oeuvres originales, s'y fondant, s'y mèlant si intimement qu'il est pour ainsi dire impossible d'y reconnaître les unes des autres. Nul mieux que lui n'a montré à ce point le caractère éminemment créatif des reprises lorsqu'elles sont conçues dans lo'esprit R & R, c.a.d la reconnaissance du fait qu'il n'existe pas de "New R & R" !!! Le R & R est un emprunt permanent à l'histoire, exhaustif ou parcellaire ; en fait, lorsqu'on demande à J.Conolly quel est son chanteur préféré, il répond invariblement : "Wilson ! Wilson Pickett !...James Brown est fabuleux homme de scène, un excellent batteur, un bon chef d'orchestre, mais Wilson Pickett est simplement le meilleur !". C'est emprunt reconnu à la Soul et surtout à la Soul des racines est particulièrement évident dans la pèriode 77-78 de DMZ. Pour preuves, les deux interpretations de "Pretty Girls" (pas celle de Roy Orbinson !) que l'o,n peut entendre dans la compilation DMZ 76-77 Démos / Live (Crypt 025) : la première, prise live en octobre 76, est d'inspiration très Ramones. L'inflluence Punk y est encore très présente. La seconde, datée d'août 77 c'est du J.Conolly, cette signature inimitable, cet étirement du Beat, cette distension de la mélodie, le traitement très syncopé de la batterie, portent le sceau de ce que sera l'"Idée" de J.Conolly : un mélange pur de Groove, issu des racines de la soul, de violence et de lyrisme, de mélodies que l'on enrage de ne pas avoir pu trouver soi même... "Au début, je ne savais pas qui étaient les Stooges, les N.Y. Dolls, les Kinks, Bryan Ferry... J'étais influencé par trop de gens. Au bout d'un moment, j'ai su ce que je voulais chanter, et comment je voulais chanter. Ca a pris du temps." Le dernier titre du EP Bomp était "Lift up your Hood", un morceau très inspiré des N.Y Dolls A la fin 77, ils signeaient également pour un album avec SIRE (SRK 6051, juin 88), un label de New-York spécialisé dans la New-Wave !!! Cet album produit par Flo et Eddie, J.Conolly le jugea très décevant : "On était bloqué dans le studio par la neige, le batteur s'était abimé un muscle et il y avait trop de problèmes... Tout à coup, on a plus entendu parlé de SIRE... On a jamais été lachés officiellement, nous n'avons jamais été officiellement quoi que ce soit !...".
DMZ #5 Cette formation semblait particulièrement stable, mais Greenberg le guitariste, quitta soudainement le groupe pour Cincinatti où il monta un groupe. "On a d"'abord fait des dates dans des clubs à NY et Boston et je pensais qu'on étaient vraiment bons, mais JJ. (Rassler, l'autre guitariste) s'est mis a devenir parano, disant qu'il ne pouvait travailler sans un autre guitariste... alors on a pris Preston Wayne, un gars de Worcester qui jouait dans des groupes depuis dix ans (Crozy Jack étant le plus connu de ces groupes). Il a appris 28 morceaux en deux semaines ! Et nôtre premier concert fut à l'Intermediate Theatre, à NY, avec les Stranglers en juillet 1978." Sur la compilation DMZ Relics (VOXX, VXS 200 004) on peut aussi entendre quelques démos qui n'ont pas été réalisées (peut-être celles qui auraient dû figurer sur SIRE, je ne sais pas...). Trois sont des originaux de J.Conolly : "Do not enter", "Guilty Child" et "Shirt Loop" et deux reprises "Can't sland the Pain" et le fabuleux "Barracuda" de J.Cobb.
DMZ #6 "Mais à la fin 78 tout tombe en morceaux... Nous nous sommes séparés au cours d'un concert de thanksgiving Day... Jétait avec une fille et je voulais passer la soirée avec elle et ses parents au lieu d'aller au concert. Pendant que je donnais mes arguments, on m'a balancé du haut d'un escalier... On a joué un bout de temps après ça mais ensuite on s'est séparés. Preston et JJ sont restés ensemble pour former un groupe et moi je suis allé avec Paul et Rich !".
A l'issue de cette année 78, DMZ est donc mort et il est assez drôle de constater qu'après six remaniement, JJ Rasler qui était le seul qui avait encore apparteni à la formation initiale, se séparait de J.Conolly. Changement de cap, divergeance d'idées...
Vision prémonitoire ou réelle difficulté de supporter le partage d'un groupe avec J.Conolly, en tous cas le défilé des remaniements sera une constante dans l'aventure future des Lyres.
En cette fin d'année 78, DMZ est mort, victime d'une nième transplantation cardiaque. Preston Wayne et J.J. Rasher partant de leur coté, restaient Jeff, Paul Murphy et Rick Coraccio :
Lyres #1 La première répétition des Lyres eut lieu le jour de l'an 1979. "Nous avions décidé d'attirer dans le groupe un mec qui ne savait pas du tout jouer de la guitare... et de tout lui apprendre. Donc, nous avons pris Ricky Carmel qui était auparavant le chanteur des Children's R&R Band et accessoirement le roadie des Real Kids. En suivant mon enseignement, il apprit "How do you know" et "Don't give me up now". Ces deux titres furent immédiatement enregistrés". "Depuis le fiasco avec Sire Rds (cü Larsen n°3), j'avais appris à m'y connaître un peu en business, c'est pourquoi j'ai confié les bandes à ce type, Chip Lamey, qui démarrait un label local nommé Sounds Interesting". Les deux titres sortirent sur Sound Interesting (SI 45.002, sept 79), le single fut pressé à 2000 exemplaires et la distribution fut assurée par Jeff lui-même, à pied... Le père de Rick avait prêté un fourgon et cela permis d'envisager une série de concerts pour promotionner le disque... "A l'été 79, le disque était sur le point de sortir mais les finances étaient au plus bas et Ricky Carmel commença à suivre des cours par correspondance pour augmenter ses cachets... Et bien que ses efforts premiers aient été excellents, son enthousiasme pour le groupe tomba.
Lyres #2 "Il y avait un moment déjà que j'avais décidé d'amener dans le groupe un type nommé Alex Chronis comme second guitariste. Les autres n'en ont pas voulu et ils boycottèrent les 3 répet. suivantes, si bien que j'ai dû les virer !"
Cette réaction "mono-maniaque" était l'occasion de trouver un groupe entièrement nouveau. Comme si la trop longue fréquentation des mêmes personnes pouvait être le risque de compromis, d'affadissement, de perte de vue de l'idée... "J'ai pris les guitares. Chronis avait des origine grecques ; il venait de Cincinatti, où il avait connu l'ancien guitariste de DMZ, Peter Greenberg, et de fait, il copiait son style. Ensuite j'ai trouvé Bob Mc Kenzie qui avait joué dans plein de groupes locaux et puis vint Scott Parmentier...et j'avais de nouveaux "Lyres"
Lyres #3 Cette nouvelle formation qui ne dura que quelques mois (Août 79 à Décembre 79) courait dans des pas déjà tracés : promotion du single, concerts dont le contrat avait été signé sous la précédente formation. Tout allait vite : Scott dût apprendre la basse très rapidement. Jeff dit lui-même que le groupe à cette période "allait n'importe où, mais vite". En décembre 79, Scott quitta les Lyres pour rejoindre les Real Kids comme guitariste. Une nouvelle formation vit le jour avec la venue d'un nouveau bassiste Kit Dennis qui avait joué avec avec pas mal de groupes locaux comme les Infliktors, figurant sur le Live at the Rat LP (cü Larsen n°3). Alex Chronis en eut ras-le-bol et décida de quitter à son tour les Lyres pour rejoindre The Erektor Set. On était en février 80, Lyres avait un peu plus d'un an d'existence et déjà huit personnalités l'avaient traversé avec des fortunes diverses, des contributions variables et une unité de son sans faille.
Lyres #4 Lyres #4 fut une formation intérimaire, selon le mot même de Jeff Conolly. Frank Rowe qui prit la guitare était le leader des Classics Ruins, mais ils ne pouvaient pas tourner à ce moment car l'un des autres membres du groupe, Billy Borgioli avait rejoint les Ramones en tournée comme Roadie. Tony Cagnina qui prit l'autre guitare et jouait également de l'harmonica, venait de divers groupes locaux comme les North Shore. "Pendant quelques mois, j'ai eu soit Frank, soit Tony, soit les deux à la fois." Ce printemps 80 fut une période de grande instabilité pour les Lyres. Tout ce que la formation précédente avait appris devait être recommencé avec la nouvelle. Au total, une grande perte de temps et d'énergie...le groupe, malgré tous ses efforts allait d'échec en échec dans la "tentative de générer intérêt, et excitation hors du petit cercle des amis". Cette formation météorique ne dura qu'un mois...!
Lyres #5 Le premier changement crucial fut quand j'ai viré Bob Mc Kenzie... C'est à ce moment que Howie Ferguson, batteur de la formation originale des Real Kids, décidé à sortir de sa retraite, rejoins les Lyres. Howie fut peut-être le premier batteur à donner ce jeu si particulier, si arythmique et si explosif qui est l'une des signatures des Lyres. A cette époque, avril 80, les chroniqueurs des revues parlèrent, à propos des Lyres, de show titubant, vacillant, produit par une "racaille populeuse". On parlait aussi de la réputation impossible de Jeff, de ses interviews se terminant dans d'immenses blancs, laissant même parfois en carafe le journaliste envoyé au casse-pipe, changeant de sujet sans cesse. On parlait également de l'image dépravée que le groupe projetait, de ses orgies d'alcool...
Lyres #6 Kit Dennis et Tony Cagnina quittèrent à leurs tours le groupe et peu de temps après, Peter Greenberg (oui, le Peter Greenberg de DMZ !) repointe son nez. "Il avait fini de se trimballer dans Cincinatti et voulait revenir à Boston. Puis juste quand on a eu besoin de lui, Mike Lewis (oui, le Mike Lewis de DMZ !!!) est revenu aussi !" Ce retour aux sources, la participation aux Lyres des esprits fondateurs redonna au groupe "la stabilité, la capacité et la crédibilité". "Ce fut une période de grande productivité ; l'idée même d'avoir affaire le lendemain aux mêmes personnes que la veille, je l'avais oubliée... Tout allait vite mais dans le bon sens."
A ce point de l'histoire il me semble important, à la veille de la sortie du EP "The Lyres", de procédé à un bref retour en arrière : dans l'activité de Jeff Conolly, c'est à dire collectionner les disques, il rencontra au début des années 70 Richard Harte : la même passion les réunissait, rechercher des disques, majoritairement des 60's, des groupes ou des chanteurs oubliés, des perles enfouies dans les gravas du passé... "Il m'avait contacté, en tant que fan de rock et collectionneur de disques, alors que j'étais éditeur et directeur de publication de Zig-Zag Magazine...Pendant ces année, comme aucun de nous deux n'avait assez de fric, nous passions nos vacances dans la maison de l'un ou de l'autre..." En Juillet 78, Richard lui présenta quelques gloires locales de la scène bostonienne, dont DMZ faisait partie : The Nervous Eaters, the Real Kids, The Paley Brothers. "Si bien que j'ai pu alors reconstituer l'arbre généalogique de toute la scène bostonienne et devenir ainsi une sorte de spécialiste des couloirs obscurs de ce labyrinthe..." Les mésaventures et autres désagréments avec les maisons de disques étaient les principaux sujets de conversation pour tous ces groupes et cela fut "la détonation qui se produisit dans le cerveau de Harte". "Je travaillais alors chez Stiff Record et Richard fut grandement intéressé d'apprendre comment une telle entreprise avait démarré et comment elle traversait les difficultés... Il ne mit pas longtemps à le comprendre..." Brûlant les étapes, Harte acheta alors un magnétophone 2 pistes et en trois mois, il avait enregistré "Where'd you get that Cigarette" du groupe The Infliktors. Ce fut la première production Ace of Hearts (AHS 101, Juin 79). "J'étais juste un gars impatient, disait Harte, et bien que ça ait été enregistré sur mon deux pistes Crown, dans un local qui ressemblait plus à un magasin de Hi-fi qu'à un studio, tout le monde semblait aimer le son que j'obtenais..." Harte n'a pas seulement produit le disque mais également assuré le suivi du pressage et de la distribution... Le disque fut une réussite commerciale à l'échelle locale : "un bon départ crédible !" résumait Harte, la réaction des gens a été si positive que cela m'a vraiment encouragé ; alors j'ai produit et sorti des singles de plusieurs groupes locaux." Ce fut "Prettiest Girl des Neighbourhoods (AHS 102), puis "1+1 is less than 2" des Classics Ruins (AHS 103), et "Academy Fight Song" par Mission of Burma (AHS 104). Tous furent mentionnés dans les rave reviews et devinrent des classiques. Harte avait le vent en poupe et faisait des apparitions de plus en plus fréquentes dans la presse locale. Mais plus important encore, il était l'objet de demandes croissantes en tant que producteur. Les Lyres n'étaient alors qu'à leur début mais Mission of Burma fut le groupe qui dépassa à ce moment le niveau local et connut une audience nationale avec la sortie d'un second single "Trem two" (AHS 106) et un EP "Signals calls &Marches" (AHS 1006) et enfin un album "VS" (AHS 10010). "Quelques personnes flashèrent sur eux en Angleterre, mais maintenant c'est trop tard car ils n'éxistent plus..."
Un groupe éclair, The Bird Songs of the Mesozoïc, signa plus tard : EP (AHS 1008) et l'album Magnetic Flip (AHS 10018). Ave of Hearts enregistra "Harbour Lights" de The Neats (AHS 109), un EP du même groupe "The Monkeys Head in the Corner of the Room"(AHS 1009° et un album "Neats" (AHS 10019). Au total, Ace of Hearts réalisa une quinzaine de production jusqu'à janvier 1985. [fin du flash-back]
C'est donc très logiquement que Jeff Conolly pensa à Ace of Hearts pour la sortie du EP "the Lyres" en septembre 81, puis l'enregistrement d'un single "Help you Ann / I really want You, right now" qui fut réalisé en Décembre 81 mais qui ne sortit qu'en Juin 83 et qui devint à ce moment un morceau qui marcha très bien localement. Le premier " Lyres" a permis de gagner de l'argent pour enregistrer le single bien sûr mais aussi pour acheter ces étranges guitares en forme de lyres : "Nous les avons dénichées à House of Guitars à Rochester. Ce sont deux copies Dynelectron fabriquées en Italie..."
Cette sixième mouture des Lyres, cimentée autour de Jeff et des deux anciens, acheva la première période réellement productive du groupe et traversa pendant près de deux ans (de Mai 80 à janvier 82) les difficultés, annonçant, par là même, les orages futurs...
Le premier EP des Lyres enregistré en septembre 81 faillit bien tourner à la fausse couche : des premières prises houleuses, l'appel à la raison de Rick Harte, finit par couler autour de Jeff un béton sous la forme d'un staff qui joua tellement bien son rôle qu'il sera réunit à chaque production discographique ultérieure : les Lyres entrent donc chez Soundtracks (Boston) sous la production géminée de Jeff et Rick Harte himself et Rob Cavicchio au mixage. Fort logiquement intitulé "the Lyres" mais aussi "AHS 1005" ou encore "Stéréo" (à vous de choisir) le disque est glissé dans une pochette d'un violet douteux où l'on voit le combo au grand complet, Peter Greenberg et sa copie Danelectro assis sur une barrière, Jeff les cheveux balayés par le vent, le tout dans un square bostonien... Bref, tout cela pue du derche car Jeff dans son désir de tout contrôler a évidemment participé au cover design ainsi que Mike Lewis : il est bon et rassurant de constater que l'on est pas génial dans tous les domaines : mais on ne t'en veut pas Jeff, car le contenu est vraiment on hike! Les quatre titres "Buried Alive", "In motion", "High on Yourself" et "What a girl can't do" (T.Guernsey) sont tout sauf un brouillon ; tout est là : puissance, nervosité et des mélodies aristocratiques ; bref, de la classe et sans faux col ! En janvier 82, avec les premières neiges, Mike Lewis sentit un irrépressible besoin de terminer ses études au M.I.T et Howie Fergusson se sentit désenchanté par le milieu du rock business : les Lyres furent amputés de leur beat line et un nouveau concours de recrutement fut lancé : "Greenberg ne pensait pas qu'il aurait le temps de m'aider à former un nouveau bassiste et un nouveau batteur alors il est parti aussi ! Le gars qui manageait nos concerts en eu vraiment ras-le-bol lorsque Lyres #6 a splitté mais il était dans mes possibilité de reformer Lyres #1 pour remplir nos obligations".
Lyres #7 En fait, Paul Murphy, Rick Coraccio et Ricky Carmel, membres fondateurs des Lyres, qui avaient quitté le groupe en Août 79 après l'enregistrement du single "How do you know ?/Don't give it up now", et qui avaient fondé leur propre groupe "the Last Ones", acceptèrent de dépanner Jeff quelques mois. "Paul était d'accord pour quitter son groupe et redevenir un Lyres à plein temps, mais les autres voulaient travailler sur leur propre disque." Lyres #8 "Alors j'ai pris Phil Lenker des "21-645", un groupe local underground et Greenberg est revenu encore une fois !" Jeff qualifia cette période de "Smooth for a While then back to square one". Ce retour à la case départ eut lieu en décembre 82 : "Les choses étaient vraiment en train de devenir géniales jusqu'à ce jour où Greenberg et Lenker nous ont quittés brusquement en disant : Mono man tu nous fais trop chier, on se barre !". Lyres #9 Le départ de Peter G. et Phil L. pour rejoindre Barrence Witfield & the Savages laissa un trou bien vite comblé : Rick Caraccio ayant satisfait quelques-unes de ses urgences créatives avec la sortie du EP des Last Ones décida de rejoindre les Lyres et son vieux pote Murphy. Puis Danny Mc Cormak, le guitariste des Mighty Ions, qui connaissait tout le pebbles/Garage sort of stuff, se joignit et la formation qui en résultat fut l'une des plus stable et productive de l'histoire des Lyres : Pendant l'été 83 commença l'enregistrement de l'un des (si ce n'est Le) disques majeurs des Lyres : ON FIRE (AHS 10005 April 84). Pour l'occasion, le recording staff fut à nouveau réuni : Rick Harte et Jeff pour la production et Rob Cavicchio au mixage : on retrouve là aussi John Kiehl qui assura les prises de son du premier "Lyres". Véritable premier LP, "On Fire" donne le ton de ce qu'est un LP des Lyres : le travail archéologique de Jeff y est évident par la présence de chefs-d'oeuvre du patrimoine R&R tel le sublime "Soapy" (M.Ward) que l'on retrouvera sur d'autres productions, ou "The Way I feel about You". Mais aussi un véritable hommage aux Davies Brothers" dont Jeff ne cache pas qu'ils sont les mélodistes les plus impressionnants qu'il ait connu : et pour ne pas faire de jaloux, les Lyres nous administrent une version de "Love me till the sun shine" de Dave et une véritable recréation de "Tired of waiting", un titre de Ray, étirée, arythmique, à la cadence bousculée : un véritable chef-d'oeuvre que seul deux ou trois kinksiens à la con touveront inférieur à l'original. Mais surtout "On Fire" recèle 6 titres originaux d'une force impeccable et dont certains deviendront des incontournables des futures compil. ou live shoot : "Don't give it up now", "I really want you right now" ou "Help you Ann" sont de ceux là. On fire se vendit immédiatement très bien localement et devint aussitôt un "favori underground" dans toute l'Amérique mais aussi en Europe. Le disque fut distribué en Scandinavie et en France (New Rose). Suivie une série de tournées aux Etats-Unis, d'abord sur la Côte Est puis le Sud et la Côte Ouest. Durant cette tournée, Jeff avait inventé une sorte de nouveau jeu : inviter régulièrement ce qu'il appelait des "Lyres auxiliaires", acteurs d'occasion et prestigieux guests tels Dave Bass, batteur des Young Snakes et collectionneur de disques, Myriam Lina qui avait joué de la batterie avec les Cramps et qui est l'actuelle batteur des A.Bones, Billy Miller, à l'époque chanteur des Zankees et actuellement celui des A.Bones, et bien d'autres... Les Lyres prirent ensuite le chemin de l'Europe ; ils furent en France fin 84 pour quelque concerts très inégaux devant un public souvent clairsemé. Problèmes avec le tour manager français ; "il a plein d'argent, disait Jeff, et pis il le garde tout pour lui, et pis il mange des hamburgers, et pis moi j'peux m'acheter que des pommes !..." Mais Richard Harte était là : "ce type-là, c'est le pape !" Retour aux Etats-Unis pour une suite de concerts dans le Middle-West. Lyres #10 Juste comme Lyres #9 semblait durer éternellement, en Janvier 86 Paul Murphy annonce soudainement "qu'il doit porter son chat chez le véto", ou quelquechose comme ça leur laissant 24 heures pour trouver un nouveau bassiste. Jeff pense alors immédiatement à Dave Bass qui avait fait quelques dates avec les Lyres en Aout 84 durant la tournée. Cette collaboration ne durera que ce que dure une bonne cardée : juste une mini-tournée au Canada et dans le Middle West. Dave troua le toît du camion d'un coup de poing durant le voyage : les autres trouvèrent son comportement un peu étrange et à leur retour à Boston, ils dirent au revoir à Dave bien qu'il les ait aidés à traverser une nouvelle crise. Lyres #11 Jeff a fait appel à un batteur, "John Smith" également appelé John Bernardo ??? Lequel est son vrai nom ? Je ne sais pas ; "Je l'ai volé a un groupe Garage de Columbus, The Boys of Nowhere. C'était un groupe qui rendait hommage à DMZ" ajoute-t'il en toute modestie. C'est le début d'une nouvelle période productive et brève : dans la premiére moitié de 86, le groupe entre en studio pour la production du second LP "Lyres Lyres" (AHS 10015 oct 86).L'album est dans la lignée de "On Fire" : un mélange de titres originaux puisés dans l'histoire de Jeff, comme "Busy Men" qui date de DMZ ou "How do you know" qui figurait sur le premier single des Lyres mais aussi des compositions plus récentes comme le superbe "Not looking back" ou "She pays the Rent", un slow vénéneux tout en vibrato..."c'est une chanson adressée aux groupes scandinaves. Et je leur dis : vous feriez mieux d'arrêter de copier Lux Interior, les Cramps ou Link Wray ! Ne... me faites pas chier ! J'ai certainement enregistré là mes plus beaux hurlements". Mais aussi des reprises fulgurantes : "You'll never do it baby"(Smith/Fox) immortalisée également par les Pretty Things, ou "No reason to complain"(M.Pierce) des Alarms Clocks. Mais surtout "On Fire" avait été un peu un hommage aux Kinks, "Lyres Lyres" le sera pour Wally Tax et les Outsiders dont Jeff reprend deux titres "I Love Her still, I always will" et "Teach me not forget You". Au total, un album superbe, toujours on summit, compact, nerveux, élégant, toujours cohérent. Lyres #12 En juillet 86, Rick Coraccio quitte les Lyres : après avoir été le SideKick de Jeff depuis trois ans, Rick "se retrouva las de voir le monde depuis la fenêtre d'un camion grande vitesse et il est parti.". Son remplaçant fut Matt Miklos qui avait été Disc Jockey à Columbus Ohio et recommandé par John Bernardo. En novembre 86, les Lyres perdirent leurs managers : "ils ne nous aimaient plus..."mais cet épisode ne les empêcha pas de repartir en tournée en 87. A partir de mai 87, ils retournèrent pour la quatrième fois en Europe mais en élargissant le tour : Espagne, Italie, Scandinavie, Belgique, Hollande et... la France : Nous avons fait quelques dates avec les Fleshtones, ça a été complètement fou... A Marseille, on m'a volé mon passeport, mes billets d'avion, mon argent , mon press-book mais surtout...mes lunettes !! D'une certaine façon ça me chagrine, mais je suis content d'être en France et de jouer pour tous mes amis !" Les spectateurs de l'époque rapportent que Jeff tenta un soir de recouvrir Danny Mc Cormak de Chatterton : il faut dire que Jeff était tombé dans un piège en forme de concours de dégustation de vin locaux organisé par les Fleshtones le même jour ; Certains indices l'attestaient : les poses de Jeff d'abord sur, puis sous son Vox, les hurlements lorsqu'il tentait de présenter le groupe "Foolish Americans fwom Boston...Fuck...Wock & Woll...wanna touch my balls...Fuck...Fuck...". Au cours d'un concert à Portland en été 86, certains spectateurs rapportent que Jeff a essayé de tué Danny avec son pied de micro : "j'étais victime d'un complot," explique Jeff, "c'était juste un argument qui a été exagéré...". Jeff débute par un massacre de "Jezebel" faisant valdinguer Matt Miklos que ce jeu énerve passablement... puis enchaîne des titres de "Lyres Lyres" et "On Fire" : "Help you Ann", "How do you Know", "Not looking back" ou des reprises comme "Cinderella". "Nous continuions notre formule : 50/50 mélange de nos propres compositions et de reprises obscures ; Parmi les derniers à avoir subi le traitement Lyres, on trouve les Wimple Winch, Him & the Others, the Outsiders et Mystic Tide. Au cours de ces concerts européens, Jeff poursuivit ce jeu de guest stars et s'il est une présence à ses côtés qui le rendit particulièrement fier, c'est celle de Wally Tax que Jeff a toujours vénéré comme une sorte de modèle et qui chantera lors de quelques gigs aux Pays-Bas. A leur retour aux Etats-Unis, Danny, peut-être rassasié de servir de punching ball à Jeff, décida qu'il n'irait pas à Portland (lieu de leur prochain concert). Peut-être par peur d'être à nouveau victime d'une tentative de meurtre. Il rejoignit Rick Coraccio au sein des Shambles, son nouveau groupe. Lyres #13 Après avoir fait appel à Jack Hickey pour remplacer Danny Mc Cormack, dès juin 87 les Lyres repartent en tournée au Canada, puis dans le Mid West, le Sud et l'Europe à nouveau.Septembre 87 voit la sortie d'un bootleg avec la bénédiction de Jeff Conolly : "Lyres live at Cantones" chez Pryct Rds (PR 1003 B 87). Il s'agit selon Jeff d'un "document historique qui fut enregistré lors du second concert des Lyres en janvier 1979". On ne s'etonnera pas du nombre très important de reprises mais on y trouve déjà beaucoup de compositions qui figureront sur les productions ulterieures : "100 cc", How do you know", "Don't give it up now", "She pays the rent",... A la fin 87, le groupe rentre en studio pour la réalisation du 3ème LP des Lyres :"A promise is a promise". Dès la tournée de 87, Jeff parlait du prochain album : "on pense déjà au troisième disque qui sera plus fou, dans la lignée de John's Children ou des groupes Mods britanniques. Dans toutes les musiques qu'on aime, la partie batterie a une très grande importance... Si je compose pour le groupe, je suis aussi batteur. Alors les percussions auront un très gros son sur le prochain disque, je chanterai mieux et il y aura quelques surprises : plus autant de chansons lentes ; j'adore chanter des ballades, mais il n'y en aura plus qu'une ou deux la prochaine fois...". Vision prémonitoire, onirique ou idée très claire du rendu final, la description faîte quelques mois avant l'entrée en studio est stupéfiante de réalisme ; le résultat est à la hauteur de l'annonce : le disque est surprenant, non conventionnel. La face A s'ouvre sur une version de "Here's the heart" chantée par Stiv Bator (the Lords of the New Church). Suivent 5 compositions de grande classe "Every Man for Himself" à l'hypno-beat insistant et au lyric scandé, "Feel Good" sorte de musique de manège gore (sans doute un des titres les plus extraordinnaires du disque), "I'll try You Anyway", une ballade superbe, "Worned about Nothing", un slow intégral !!! La face s'achève par la reprise d'un titre des Outsiders, "Touch" avec wally Tax enregistré lors d'un concert aux Pays-Bas en 87. La face B est une suite de reprises obscures dans la lignée du travail de profanateur de sépultures de Jeff : "Jagged Time Lapse" (Hewlet/Mc Cleland) est une intro de deux minutes qui amène un powerline renversant ! La seule compo de cette face est immense : "Trying Just to Please You" et son riff inchantable de simplicité. Le disque s'achève sur une version de "Witch" anecdotique enregistrée sanglante à Rennes lors de la tournée 87. A l'écoute, "A Promise is a Promise" se révèle être une oeuvre majeure des Lyres, déroutante, histoire de clôre le bec à tous ceux qui voient dans ce groupe un nième revival 60ies. Les Lyres sont intemporels et un projet personnel irréductible. Lyres #14 Le disque sort au printemps 88 alors que le groupe s'apprête à partir pour une nouvelle tournée en Europe : John Smith alias John Bernardo décide de rester et c'est Judd Williams qui le remplace. Cette dernière mouture des Lyres se séparera à la fin 88 pour une hibernation de cinq ans. Mais l'esprit des Lyres n'est pas endormi...
À la fin 88, le groupe est de retour d'une tournée européenne et se produit pour quelques concerts à Boston. L'ambiance est à la discorde. Jeff a besoin de changer d'air et il va jurer de quitter cette ville pour de bon comme il le chantait en 86 sur le LP Lyres Lyres : "not looking back" "J'ai tout planté là et je suis parti à San Diego ; je n'ai pas tué le groupe, je n'ai jamais voulu qu'on en reste là, je n'ai jamais cessé de jouer, pas plus que les Lyres n'ont cessé d'exister. J'ai même plutôt bien travaillé pendant un moment là-bas, puis je me suis rendu compte que les gars avec qui je bossais se servaient de moi pour mon nom et de petits engagements. La seule façon de décrire San Diego, c'est une immense scène faite de plastique et d'affectation" En fait cette période Californienne reste assez obscure et les raisons exactes de ce départ pour l'Ouest sont floues. Il semble que l'explication principale soit. . . . l'amour ! Donc Basta. "Au bout de six mois, j'ai décidé qu'il était temps de revenir car Boston a commencé à me manquer et je me suis senti capable de vraiment faire de la musique. Là-bas je ne pouvais pas parce que les gens à qui j'avais affaire étaient de vrais poseurs. Je me suis accordé un an parce que je devais mettre 10 000 dollars de côté. Jeff, qui depuis des années vivait plus ou moins du produit des disques et des grandes tournées Américaines et Européennes des Lyres, va connaître les joies du monde du travail et de la solidarité du prolétariat : il s'inscrit à un syndicat et est engagé dans une compagnie de constuction aéronautique qui fabrique des hélicoptères Apache pour l'US army : "c'est le même que le cobra mais en moins bon" commente Jeff, fier de ses connaissances acquises sur les hélicoptères ; "nos hélicos ont bombardé Noriega, son palais et sa merde. . ." Pendant l'année 89, va sortir une véritable bombe en forme de disque orange : alors que toute chance de voir une production signée des Lyres semblait écartée en cette période d'hibernation arrive dans les bacs l'enregistrement d'une cession radiophonique datant de mars 1983. Ce disque porte le nom de "Lyres live 83- let's have a party"(Pryct/1004). C'est après "Live at Cantons" le second album en public officiel : si le premier avait un interêt historique indéniable, "let's have a party"est une réussite musicale totale : il figure sur ce disque des versions restées jusqu'ici inégalées de vérité, de nervosité et d' élégance telles : "I really want you right now" ou " Trying just to please you" à laquelle on peut péférer la version de "Promise is a promise" mais dont l'engagement et l'authenticité ne souffrent pas la comparaison. Bref un instant magique, une soirée où les Lyres furent touchés par la grâce et cela s'entend ; le disque ouvre sur un trio de chansons dont le choix et l'enchaînement semblent avoir été concoctés par des forces surnaturelles : "Never met a girl like you before" (R.Davis) "Soapy" (Mickey & the clean cuts) puis "Gonna find a new love". C'est à rester par terre. Telles aussi ces versions déjà enregistrées en studio pour le premier EP "Lyres" "Buried alive" ou "What a girl can't do" ( Guernsey / Hangmen) qui les surpassent largement. Ce disque, contient de plus une version extraordinaire de "Nobody but me" (Isley brothers) qui fut à l'origine de sa redécouverte pour beaucoup. . . Pour avoir les avantages des qualités "humaines" du live l'enregistrement n'en a pas les inconvénients : le son est excellent et on peut apprécier toutes les subtilités de jeu de ce qui est sans doute le prime line des Lyres : Murphy/ Coraccio/ Mc Cormack. Tout cela en fait un disque à part entière, loin d'être une curiosité de fan ou de collectionneur, tout simplement indispensable. Il faut également signaler la sortie début 89, chez Imposible Records, d'un autre album live enregistré lors des concerts espagnols de 87 et 88 avec la formation de "Promise is a promise" pour 87 et le remplacement du batteur J. Smith par Judd Williams pour 88. Pas de grandes nouveautés dans le repertoire : toujours un mélange 50/50 de reprises et d' originaux : l'album s'appelle "She pays the rent live". (Impossible 09) Lyres #15 : Au printemps 90, Jeff est de retour à Boston : son image hante à nouveau les clubs de la ville ; son appartement de Back Bay se repeuple de ses cinq chats et de ses perroquets. Il réunit à nouveau autour de lui l'esprit des Lyres en les personnes de Paul Murphy, Rick Coraccio et Jack Hickey pour participer à une compilation hommage à Rocky Ericson qui doit être realisée par Srie/ Warnner Bros à l'automne 90. Sur cette compilation figurent également, parmi les 18 groupes R.E.M !!! ZZ Top!!! et Jesus & Mary Chain!!!. Avec un choix aussi idiot de groupes qui doivent à Rocky Ericson autant de choses que Bing Crosby à Chuck Berry, il n'est pas étonnant que le titre des Lyres "We sell soul" ne soit pas retenu sur le CD mais seulement sur la K7. Qu'importe, pour Jeff c'est le billet de retour au premier plan : "Etre invité à laisser une trace dans cet hommage, c'est énorme pour moi. Cette compilation est aussi une carotte à faire miroiter devant les gens pour les pousser à rejouer avec moi. Mais à partir de maintenant, je vais tirer le meilleur parti du moindre de mes mouvements. Et si quelqu'un essaie de m'en empêcher, je l' emporterai." Lyres #16 : Fort de ses nouveaux objectifs, Jeff va offrir pendant l'enregistrement de "We sell soul" quelques séances orageuses aux membres du groupe ainsi qu' à Rick Harte à nouveau là comme producteur. Durant l' une de ses scènes, Jack Hickey sera remplacé sans ménagement par Rick Carmel ce qui rendra au Lyres leur formation d' origine. Le titre sera inclu dans un album patchwork du même nom "We sell soul" : on y retrouve des titres de toutes les époques, depuis les versions originales du single de 79 de "How do you know" et "Don't give it up now" mais aussi "Busy men" "Busy body". Les seules nouveautés sont géniales : "No more" et une magnifique version de "Sun's going down" des Outsiders. Un single sera extrait de l'album : We sell soul/ Busy body (Taang 62)
À la fin 92, sortie de l'album 6 titres "Nobody But Lyres". On y retrouve "Nobody But Me" dans une version plus sage et loin de l'incandescence de "Let's Have a Party". Autre curiosité, la version "Here's a Heart" qui figurait déjà sur "Promise is a Promise", mais cette fois le chant est partagé avec Stiv Bators, Jeff s'accordant la deuxième voix. Encore une fois on a affaire à un disque 'pour patienter', pas inintéressant (comment un disque des Lyres pourrait-il l'être ?), juste énervant en pensant à ce qu'un réel disque peut être. La seule réelle surprise de cet opus sera "Baby, I Still Need Your Lovin" qui retrouve l'esprit sauvage dans une fanfare tonitruante et soul où Jeff assène ses lyrics d'une voix dantesque, brandissant le son du vox en véritable modèle déposé : le choix sera fait de ce disque pour figurer sur un EP (Baby/Gettin' Plenty Of Lovin') sorti chez Norton (Norton 45-013). Le disque s'achève sur "We Sell Soul" à nouveau, qui ressort comme un puissant original : Jeff dénicha la chanson dans les archives oubliées d'un groupe auquel Erickson appartenait avant même de penser à parler de zombies ou de chiens à deux têtes avec les 13th Floor Elevators. "Les Spades étaient des blancs du Texas qui essayaient de faire du James Brown avec une guitare surf : ils étaient psychédéliques sans même le savoir. Rocky écrivit "We Sell Soul" avant d'avoir fumé de la marijuana, avant d'avoir fait quoi que ce soit, sauf peut être de boire de la bière. J'ai refait "You Gonna Miss Me" avec DMZ et il m'a toujours dit que c'était sa version préférée. Et tout ce que je souhaite, c'est qu'il pense toujours la même chose aujourd'hui. Il est chez les fous quelque part au Texas et j'espère vraiment qu'il l'écoute, cette version de "We Sell Soul", et qu'il l'aime." Cette chanson relativement obscure dans la production de Erickson, et qui est pratiquement impossible à trouver aujourd'hui, a servi de matériau pour une autre chanson des 13th Floor Elevators dans l'album "Your Gonna Miss Me" (WEA 56 596) : "Don't Fall Down" (Hall/Erickson). Lyres #17 : À la fin 92, les Lyres qui ont écumé les clubs de Boston, sont prêts pour l'enregistrement d'un véritable album : le premier depuis cinq ans. En février 93, le groupe entre en studio. Cette fois c'est Rick Harte qui jette l'éponge : les relations entre les deux hommes sont au plus bas : "Ce mec écrit de bonnes chansons, déclare Harte ; ce qui lui manque, c'est de s'atteler au boulot. Il est plus que capable de faire ses propres morceaux, mais comme tout artiste, il est pris dans ce qu'il fait, et quelquefois, il est tellement pris qu'il arrive que ce qu'il fait ne soit pas bien." Avec ou sans lui, il semble que tout soit prêt pour un nouveau Lyres : de nouvelles compos sont prêtes, les prises commencent et, à la fin février, trois chansons sont en boîte : deux superbes titres, "Never Be Free" et "I'll Make It Up To You" sont déjà enregistrés , quand Paul Murphy abandonne le groupe en plein coup de feu : il a trouvé un job à la poste et ne peut plus poursuivre l'enregistrement. Trop tard pour prendre un nouveau batteur : le disque est amputé des deux tiers des chansons qui devaient y figurer. Jeff 'rempli' avec des chutes de studio et des chansons déjà enregistrées sur des EP comme "Baby" ou "If You're Happy Now". "C'est seulement la moitié d'un album, principalement parce que la plupart des morceaux datent. La raison pour laquelle il n'est pas vraiment génial, c'est que notre batteur nous a quitté. Je pensais que nous commencerions par faire quelques reprises pour que le groupe prenne ; ensuite nous aurions mis quelques originaux, mais il est parti avant que nous les enregistrions : donc, les deux ou trois premiers morceaux sont pas mal ; ensuite j'ai rajouté quelques 'bouche trous', je me suis dit merde ! au lieu de finir avec un nouveau batteur, je ferais mieux de tout reprendre à zéro." C'est vrai qu'à l'écoute, le disque est très inégal : hormis des titres vraiment réussis comme "Pain"(Phil of the Frantics) ou "I Can Tell"(Bo Diddley), une bonne motié des chansons est assez décevante à l'image des deux reprises des Stones, "Now I Got A Witness" et "Stoned". En guise de morceaux originaux, Jeff nous refile "100cc" et "I Ain't Goin' Nowhere", deux morceaux deux fois proposés déjà. "Nobody But Me" est sans doute livrée ici dans sa version la plus fade. Le tout sonne de façon très hétérogène, un peu bancal, et d'un intérêt parfois discutable. Mais lorsque Jeff est interrogé à propos de ce disque, il dit à plusieurs reprises que son objectif était de finir le disque, comme si ce qui nous est présenté là était un brouillon, un produit vite fait, pour honorer sans doute quelque contrat passé ou pour remplir une bourse toujours plate. . .
Entre temps Rich Carmel décide de quitter le groupe et Jeff fait appel à de nouveaux musiciens pour remplacer les deux départs : Jim Janota, ex membre des "Bags", prendra la batterie et Jack Hickey est rappelé pour la troisième fois au sein du groupe. . . Lyres #18 : cette formation actuelle n'est peut être pas la plus subtile au sens où on peut l'entendre dans "Lyres Lyres" et on peut regretter la batterie aérienne et anti-conformiste d'un Paul Murphy ou d'un John Smith. Cependant ce choix d'un batteur puissant et plus binaire semble être comme toujours une volonté délibérée de Jeff : donner aux Lyres une profondeur percussive, un son plein et massif comme jamais il ne l'avait été auparavant, comme pour dire "Here I am again !". Dans cette optique, la réalisation début 93 du single "Boston"(Norton) est une parfaite appropriation "Lyresienne" du magnifique morceau de Gene Clark : "Ce qui nous a fait connaître ? Nous prenions une reprise bien choisie et la faisions nôtre : je la choisis et je l'apprends aux autres et souvent, ils n'entendent jamais l'original. L'achat de disque est non seulement devenu partie intégrante de l'élaboration du set mais aussi un moment crucial de la création." Il parcourt sans relâche les magasins de disques d'occasion et exhume de façon obsessionelle le rock trash des 60s et du début des 70s. De plus, pour lui, avoir un seul bon exemplaire d'une chanson ne suffit pas : c'est la mise en relation des différentes versions depuis l'originale jusqu'à la sienne en passant par toutes celles qui jalonnent l'histoire qui fait de cette activité souvent méprisée et considérée comme un succédané de la création, un acte créatif majeur, personnel et exigeant. C'est exactement le sentiment que l'on a à l'écoute de cette version de" Boston" et on ne peut qu'être impressionné devant l'empreinte personnelle donnée à ce cover, laissant entendre ce que l'on n'entendait pas, révélant ce que le morceau a de plus sauvage et efflanqué et que Gene Clark lui-même ne supposait sans doute pas, tout ensuqué de douceurs "Byrdsiennes". La face B "Shake it some more" (Sheridan) est de la même veine. En septembre 93, sortie du single "Self centered girl" chez Telstar. Les Lyres sont en tournée Européenne pour la quatrième fois ; visite du Fandom : l'Espagne, l'Allemagne, la Hollande, la Scandinavie et six dates en France. C'est une tournée légère et minimale pour ce qui est des moyens : les quatres musiciens, l'orgue, les guitares pour tout bagage... Tout le reste est loué sur place et dans l'état : un ampli qui les lâchera au bout d'une demi-douzaine de concerts, un camion à bout de souffle. Arrivés en retard à leur escale Chambérienne, les Lyres tentent de refaire leur handicap tandis que Jeff, hésitant entre l'abattement total et la fébrilité reste confiné dans le van. (Il est sans nouvelle de sa femme, égarée quelque part entre l' Espagne et Boston depuis trois jours.) Finalement, l'énergie lui revient et comment ! Il saute sur scène en flip flap shoes et pantalon de boulanger pour régler quelques détails de balance, maltraitant le pratiquable de batterie, s'acharnant à donner au son de caisse claire cette signature sonore indélébile, infligeant à son Vox une intervention à coeur ouvert... Pendant que les Maybes commettent une première partie sanglante, Jeff se met en chasse d'un téléphone muni de l'international dans tous les bars de la ville, en quête de nouvelles de Priscilla. En vain, le concert doit commencer, toujours pas de Jeff et les musiciens, sans doute abonnés à ce genre d'épisodes, font preuve d'un flegme très nouvelle angleterre, tout juste Rick laisse t-il choir : "Il est un peu spécial ce mec. " Enfin le concert commence, Jeff est tendu, les Lyres aux aguets. Le set attaque sur une interprétation de "Boston" impeccable d'énergie et de conviction puis "I'll make it up to you" faisant surgir en palpable les photos tant vues de Jeff lunettes noires sur le nez, hachant l'air de son tambourin d'une main, torturant son Vox de l'autre, porté par la fanfare tonitruante de fidèles serviteurs attentifs au moindre de ses désirs. Suivra de la sorte une heure et quart de chansons, dont quatre ou cinq inconnues ( peut-être le matériel d'un futur album), toutes sculptées dans le même métal, le tout impeccablement balancé par un line-up qui démontre toutes les qualités entendues sur le single. Même les vieux standards tels que "How do you know", "Don't give it up now" ou "Help you Ann" étaient au rendez-vous. Tout juste Jeff quittera-t-il la scène excédé par une fracture de corde ou par un départ de batterie que lui seul a jugé foireux. Jack Hickey, interrogé sur ces sautes d'humeur dira:"Tu sais, on est comme des frères lui et moi, on se connait depuis longtemps et comme des frères ont ne se fait pas de cadeaux. Mais Jeff est un chanteur unique et un musicien exceptionnel ; alors je préfère un bon chanteur qui a mauvais caractère à un good guy qui fait ah....."(mimant un sourire niais dont sort une gerbe sonore.) Le lendemain, changement de décor, Jeff a eu des nouvelles rassurantes de sa femme, il est affable, détendu. Il extirpe sans relâche de son sac des cassettes peuplées de chansons obscures ou incongrues, allant de "Rendez-vous in the Night", une sucrerie country du plus mauvais goût, chantée par Telly Savalas, à de pures merveilles telles Hamelet ou The Outsiders, en passant par Saxon !!! ou Manowar!!! Il mime chaque morceau, tour à tour batteur, plaçant chaque roulement à la perfection, guitariste au faciès hargneux et grimaçant... Et il parle, il parle. Depuis peu, il collectionne des disques classiques audiophiles: "Ces trucs-là sont beaucoup plus psychédéliques que toutes ces merdes rock que l'on entend en ce moment." Il sort de son sac toutes les figurines de Happy meal qu'il a collectionnées depuis le début de la tournée : "Je les collectionnais dur à une époque, je dois en avoir plus de trois mille chez moi..." Et il parle avec respect de tous ces groupes européens des années 60 qu'il affectionne particulièrement :"Tous les jours, ces mecs-là me rappellent à quel point j'ai honte d'être américain !" Puis, parmi toutes les cassettes qu'il promène avec lui, il nous en tend une en nous demandant presque avec supplication s'il n'y aurait une petite place dans le prochain numéro de Larsen pour "ça", devançant ainsi le plus inespéré de nos voeux : avoir un morceau des Lyres dans le zine!!! On écoute aussitôt, on tombe sur le cul : le morceau est magnifique, on se renseigne : il s'appelle "Baby it's me", ça a été enregistré pour figurer sur un single qui doit sortir chez Tchunk, couplé avec "I'll make it up to you". On parle des projets : refaire "On fire" et une participation à une compilation hommage à Sam the sham... On se quitte: "Keep it hot!" Alain.
Interview de Jeff Conolly...
1. NEW ROSE Larsen: Tu n'es plus chez New Rose... J.C: Je ne sais pas qui représente New Rose maintenant. Je ne connais plus personne. Le mec de New Rose à l'époque, c'était un mec réglo. Quand on a fait le disque, il a été réglo mais il ne s'est pas assez investi, il n'a pas fait imprimer les affiches et... ça a été décevant. J'aime bien ce mec en tant que personne mais on n'a pas eu de super relations d'affaires. J'étais venu en France pour trouver un soutien mais c'est fini maintenant. Les années 80 sont passées. Tu cherches un label français? J'aimerais trouver un bon label français maintenant. Je reçois mes productions françaises, la S.A.C.E.M. m'envoit l'argent et j'en suis heureux. 2. L'ESPAGNE. C'est pas comme en Espagne. Là-bas ça s'appelle S.G.A.I. Il ne m'envoient rien, c'est une vraie mafia. Je me suis bagarré pour régler ça, ils sont vraiment nuls. Ils ne me paient pas et l'agence du gouvernement est corrompue. Ce sont des barbares. As tu vu la pochette espagnole de ton dernier album? La pochette espagnole, celle avec les personnages de B.D.? Elle est complètement idiote. C'est arrivé comme une surprise terrible quand je l'ai vue. D'abord ça m'a un peu amusé mais... je n'ai absolument rien à voir avec cette pochette. Je suis allé en Espagne, j'aime bien ce pays parce qu'il a un côté barbare. Enfin, il y a des gens civilisés et d'autres qui sont des brutes. C'est difficile de travailler là-bas. 3. RICHARD HARTE. Quelles sont tes relations avec Richard harte? Et bien... c'est difficile de communiquer avec lui. Je n'ai pas de nouvelles de lui depuis un moment. Il se cache. Il y a de nombreuses plaintes contre lui. Il doit se cacher des gens à qui il doit de l'argent. J'ai un projet en ce qui le concerne que j'aimerais mener à bien ; je veux refaire "On fire" avec des chutes de studio parce que la licence avec New Rose est terminée. Il nous faut donc trouver une nouvelle maison pour cet album. Je pense qu'on peut refaire un C.D. avec les trucs enregistrés qu'on a en réserve comme n'importe qui. Mais quand j'ai voulu réaliser ce projet , il a disparu. Tu étais content de lui? Rick Harte n'est pas vraiment un producteur à mon sens. On pourrait dire qu'il l'est dans la mesure où il paie le studio mais quand on mixait, il n'avait pas d'idée à proposer. Tu vois ? On était lui et moi dans le studio à mixer les enregistrements mais il n'assurait pas en ce qui concerne les décisions. Je n'en ai jamais été vraiment satisfait. Je sentais qu'il se faisait un nom, une réputation sur mon dos et ça...C'est la raison pour laquelle j'ai choisi d'arrêter avec lui. Il ne voulait pas partager le fric de la production . Avec qui que ce soit. 4. NORTON. Tes 45 étaient sur Norton... J'ai un contrat avec Norton. Je ne joue pas mes morceaux préférés, je ne veux pas faire de distinctions. J'ai les droits des enregistrements mais ils doivent payer. C'est mon nouveau système, mon système révolutionnaire pour les années 90 :"vous payez les enregistrements mais ils restent à moi !" 5. MIKE LEWIS. Et ton ancien bassiste, Mike Lewis? Ah! je l'ai pas vu depuis un moment. Je pense qu'il est marié, je sais pas trop, je pense qu'il a peut-être un enfant. Je ne l'ai pas revu. Il était dans D.M.Z., les Lyres, les A-Bones. Il a eu quelques engagements. Tu sais c'est un peu un génie ; il était au M.I.T., il était assez fort en chimie et tous ces trucs là. Je pense qu'il travaille pour une boîte dans l'industrie chimique. 6. PAUL MURPHY. Et Paul Murphy? Lui, c'est un bon batteur, tu sais. C'est une espèce d'homme des cavernes, un homme de Néanderthal. Il a eu cette offre de travail à la poste américaine. C'est le genre de travail que les gens recherchent pour assurer l'avenir. T'as une retraite, un salaire... 7. L'APRES 88. SAN DIEGO. Pour quelle raison les Lyres ont-ils arrêté de jouer après 88? J'ai envoyé tout le monde au diable et je suis parti à San Diego ; j'avais une copine charmante dans le milieu garage. Elle avait des bottes en vinyl blanc. Elle était manequin, assez adorable et tout. Et j'ai pensé : avec tous ces fans de garage à San Diego je parie que je pourrais faire le premier pas et je l'ai fait mais c'était rasoir. C'était de la pure curiosité pour ces gens. Je crois que j'étais une source d'amusement pour eux tu vois ; je n'ai jamais été accepté dans leur petit cercle. J'en ai eu vite assez, ça m'a pris un an et il m'a fallu sortir de là. Ceci dit, San Diego c'est bien pour le marché garage et pour la came. Mais il y fait 70° F. tous les jours de l'année. Il n'y a pas de saison. Il me faut de la neige, l'automne , le printemps, il n'y a pas ça là-bas. Je ne conseillerais pas à quiconque d'y habiter, sérieusement tu vois? 8. BOSTON. Quel est l'endroit idéal pour vivre? Un endroit où il y ait des saisons. J'aime Boston, il peut y faire chaud en été et très froid en hiver. Il y a de beaux printemps et de beaux automnes, tu vois, j'aime Boston. Et c'est au bord de l'océan. Et Seattle? Oh...il y pleut tout le temps. Je connais des gens qui sont partis là-bas, j'y ai joué une fois mais...je sais pas. Tu n'as jamais pensé aller à la Nouvelle Orléans? Oh... j'en ai eu le projet mais il y fait trop chaud. J'ai voulu habiter en Alabama. J'aime le Sud mais je ne peux pas supporter la chaleur. La pluie ne me gêne pas tu sais. J'aime quand il pleut, je suis irlandais et gallois et écossais, j'aime la pluie et être déprimé tout le temps... 9. D.M.Z. Quand vous avez changé de nom avec D.M.Z... En 79, D.M.Z. s'est arrêté de jouer, c'était la fin. Tous les albums du groupe auraient besoin d'être remixés en un seul et là, c'aurait fait un bon album. Mais, à l'époque on ne savait pas mixer. Il y avait deux problèmes sur ces albums : il y a trop de braillements qui pourraient être enlevés et le son est mauvais. Ca, c'est vraiment facile à améliorer. A l'époque les critiques ont dit que tu étais un nouveau Van Halen... C'est peut-être ce qu'ils ont dit. Il y avait trop de braillements. On essayait de faire comme les Sonics mais ça ne se traduisait pas de cette manière ; le son était trop nul et je criais vraiment trop dans toutes les chansons. Les producteurs venaient des Turtles? Les mecs desTurtles? C'étaient des mecs sympas mais c'était un peu une expérience pour nous tous. Ce qu'on aurait dû faire c'est de mettre le mixage final au rebut mais il m'ont dit : "Arrange nous ça" ! C'est facile à dire maintenant. A l'époque on ne savait pas ce qu'on faisait. J'avais 20, 21 ans. Je ne savais pas comment me débrouiller dans un studio.Il y a plein de gens qui aiment "Sorry" de D.M.Z. parce qu'ils en comprennent les intentions donc ça ne me pose aucun problème. Il faudrait le remixer mais je ne sais pas où est l'original. Ils l'ont sûrement balancé tu sais. Es tu content de l'album fait par Voxx? L'album que Voxx a fait, c'était seulement des démos...on l'a fait pour le fric tu sais...c'est la seule raison pour laquelle on a fait ce disque, on était à sec. On n'essayait pas de devenir des... des faiseurs de hits. Ce qu'on essayait c'était de faire de bons disques mais ce n'est pas toujours possible parce qu'il y a toujours un obstacle. Ca coûte très cher de faire des disques qui soient vraiment bons. Si on avait eu l'argent, on aurait pu faire un disque bien mixé. Je ne pense pas que quiconque aurait pu nous détourner de ce but....On doit faire nos mixages nous-mêmes. C'est comme une épreuve. 10. LE SON. LE TRAVAIL DE STUDIO. Es tu satisfait du son de ton dernier album? Je peux faire mieux maintenant.Ca a pris du temps. J'ai besoin de plus d'argent, éventuellement d'un meilleur studio mais je peux le faire. Le son de Lyres Lyres est superbe, je pense que c'est ton meilleur travail de production. Tu l'aimes? C'est bien alors. Il a été enregistré dans un studio cher et on n'a pas lésiné sur les moyens. C'était un studio tout neuf à New-York avec un bon ingénieur du son. C'était hors de prix mais on a pu faire affaire ; on connaissait le propriétaire alors...Tout ça y est pour beaucoup si tu l'aimes. C'est pour ça que je travaille. Est-ce que tu crois en des enregistrements faits en deux jours? Je ne suis pas assez snob pour enregistrer en deux jours. Sinon je le ferais. Je préfère mixer en analogique. Je préfère avoir un son lourd plutôt que criard. J'apprécie le D.A.T., je pense que c'est bien mais il y a plus d'intérêt dans les bandes réelles ; on peut s'amuser avec, on peut ajouter des choses, faire des trucs un peu toqués. L'endroit où je travaille actuellement est un studio atroce. C'est trois cent francs de l'heure...non cent cinquante...non, combien?...j'en sais rien. C'est vraiment merdique, pas précis, le mixage une galère mais j'aime bien. C'est merdique, c'est tout ce que je peux me payer mais au moins, je paie mes enregistrements et j'ai un contrôle total sur ma production merdique, tu vois? J'aime pas être sous contrôle, je peux pas me sentir bien comme ça. Mais tu fais beaucoup de reprises, tu peux assurer financièrement... Je ne fais pas de fric, vraiment pas. J'en fais un peu mais... ce que j'en fais..tu sais on fait des progrès, on a presque fini un nouvel album et il y aura des originaux dessus. Pour les reprises...parfois tu es fidèle à la chanson...Quand vous jouez "Touch" ou "Teach me to forget you." "Touch", c'est parce qu'à l'époque je crèchais avec Wally Tax. Donc je n'ai pas de honte à faire ce morceau. J'ai sa bénédiction, c'est suffisant pour moi. 11. A VENIR. Que vont faire les Lyres à présent? Maintenant, on doit finir notre album. Et après, je n'ai que des suppositions. Il y a un autre album qui sortira peut-être l'an prochain mais c'est un vieux. |
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DISCOGRAPHIE Singles/Ep "How do you Know ?"/"Don't Give it up Now" 1979 (Sounds Interesting ) /1991 (Impossible) "Help You Ann"/"I Really Want You Right Now" 1983 (Ace Of Hearts) "How Do You Know ?" / "Stacey" 1987 (New Rose) "Touch"/"Jezebel"/"Go-Go Girl" 1988 (New Rose) "We Sell Soul"/"Busy Body" 1991 (Taang) "Baby"/"Gettin' Plenty Lovin'" 1992 (Norton) "Boston"/"Shake it some more" 1993 (Norton) "Self-centered Girl"/"What's a girl like you doin' in a place like this" 1993 (Telstar) Maxis AHS1005 "Buried Alive"/"In Motion"/"High on Yourself" / "What a girl can't do" 1981 (Ace Of Hearts) /I985 (New Rose) "Someone who'll treat you right now"/"She Pays The Rent"/ "You've been wrong"/"I'll try anyway" 1985 (Ace Of Hearts) 3titres /(New Rose) 4 titres "Here's a Heart"/"Touch"/ "She's got eyes that tell lies" 1988 (Fundamental)
LP/CD "On Fyre" 1983 (Ace Of Hearts) / (New Rose) +1 titre, CD +8 titres (2 premiers maxis) "Lyres Lyres" 1986 (Ace Of Hearts) / (New Rose) CD +1 titre (Stacey)/ (Impossible) LP "Live at Cantone's" I987 (Pryct) "A promise is a promise" 1988 (Fundamental) / (Ace Of Hearts) / (New Rose) / (Impossible) / (Star) (Double LP, CD +7 titres Live) "Live 1983 Let's Have a Party" 1989 (Pryct) "She Pays The Rent" Live 1989 (Impossible) "We Sell Soul" 1991 (Impossible) "Nobody but Lyres" 1992 (Impossible) LP/(Taang) CD Compilations "How do you know" (New Rose) Rock'n'Roll Party vol.1 1988 CD + K7 "Touch" (New Rose) Rock'n'Roll Party vol.2 I988 CD + K7 "We Sell Soul" (WEA) When the Pyramid meets the eyes (Rocky Erickson tribute) 1990 K7 uniquement "Help you Ann" (Rhino) Mass Ave. The Boston Scene (1975-1983) 1993 LP + CD "Baby it's me" (Larsen) Larsen Zine n°6 1993 Mini CD
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