THE DUNTS STORY
"Tout bêtement on s'est rencontré
à l'école avec Bruno. Son père qui jouait musette
nous laissait jouer sur son matos et on a commencé gamins à
déflorer des trucs que mon père écoutait (early
Stones, Kinks, blues). Les frangins de Bruno nous ont rejoint pendant
un an. Ca s'est fini en pugilat avec un des frères".
Larsen : Vous ne faisiez que des reprises ?
"Non, mais on ne peut pas dire que c'était des chefs d'oeuvre.
Ce qui nous intéressait, c'était de pas être des
baba cool Lavilloche ni des Antisocial tu perds ton sang froid. Comme
il y avait gros de teds on n'aimait pas trop non plus"
Larsen : Et ce nom DOBRANOC ?
"Les 3 frères Fujara étaient polonais, ça
veut dire bonne nuit".
Au chomage, Rapish usent les salles de bals parquet pour manger. Il
y rencontre C.C. qui comme lui vénère le R'N'B et la musique
de jeunes qui fait du bruit. Ils s'adjoignent les services de C. Thominet
(sorte de Billy Idol local) et commencent à répéter
à trois. Malheureusement ce dernier décède et C.C.
file derrière les barreaux pour attaque de poste. Ne trouvant
personne pour monter un groupe qui tienne la route, Rapish décide
de se faire une raison et d'attendre que C.C purge sa peine. Quatre
ans se sont passés, les ROUGH KIDS sont nés. Rapish et
C.C. débauchent Bruno et un batteur rencontré lors de
la parenthèse balluche. Sortie d'un autoproduit 2 titres (Is
it rough enough/ I gotta go now!) Incorporation progressive du sax dégotté
dans une fanfare de village, Eric Hardy. A la sortie du 45tours, départ
du batteur qui préfère consacrer son oeuvre à l'éducation
de jeunes batteurs dont on n'entendra jamais parler. Sur une compilation
de la ville de Bourges, les Rough Kids et une boite à rythme
sortent quand même un titre (Downtown) qui est apparament devenu
plus que rare.
"Un jour, je vais vider des crasses à la décharge,
et qu'est ce que je vois, le stock entier de cette compil passé
sous les chenillettes de la pelleteuse. La mairie était en train
de déménager, j'en ai deux ou trois que je garde."
Succession de batteurs dont Thierry Oï (c'est son vrai nom) qui
concilie les baguettes chez les Rough Kids et Shredded Ermines. Deux
concerts avec les Fleshtones et les Lyres, auquel participe Pat Bayle
qui est lancé dans le grand bain à 14 ans. S'en suit de
grosses engueulades pour le remboursement des traites du 45, Brun et
Rapish quittent le navire. Les Rough Kids se produisent avec un autre
chanteur et un autre bassiste une seule fois, et disparaissent.
Formation des MUSTY BERRY GUYS. Brun et Rapish s'acoquinent avec Franck
Primorin élevé à la sainte parole R'n'R par sa
maman. Jo Christ revient faire le joint et le groupe ouvre les portes
de nombreux établissements dans le Cher qui ne toléraient
jusque là que des formations plus feutrées. Remplacement
de Jo Christ (qui déclarait lui-même devenir completement
à moitié assomé) par Michto. Séjour en studio
avec Dilip (des Coronados) qui n'a abouti à rien.
Larsen : Comment ça s'est fait ?
"A l'époque, Rascal, ancien manager des groupes parisiens,
(Wampas, Soucoupes Violentes...) venaient de découvrir les bienfaits
de la campagne et nous avait branché sur lui. Il pensait qu'on
était aussi multiples dans nos influence qu'eux, mais on a été
très mauvais en studio, d'autant qu'on avait joué la veille
avant Earl of suave. Et puis grâce à Rascal, on avait pu
retaper un local dont on s'est fait virer par des hippies qu'il accueillait
quand il a été obligé de partir. On t'embrasse"
Michto, bien qu'excellent batteur autodidacte, préféra
au bout de quelques mois promener son chien que s'investir d'avantage.
Jo Christ revint faire une pige entre deux expériences hallucinogènes,
tient sa place sur scène, mais sombre de plus en plus backstage
avec les autres groupes.
"Je me souviens, on était deux ou trois groupes à
table et là, il a balancé sa cuisse de poulet dans le
plat de sauce pour éclabousser tout le monde. Heureusement que
Kid Pharaon et ses copains ont été plus intelligents.
Une autre fois, il touchait tout le monde, des organisateurs à
un groupe de filles, tout en restant très digne. Ca nous collait
une drôle de réputation ha ! ha ! ha !"
Jo Christ décide de repartir à la pêche se détendre.
Depuis quelques temps Primo veut intégrer un pote, Christophe
Diaz qui fait rapidement l'affaire, mais succombe à la même
maladie que son prédecesseur. Les MBG's vont en studio en compagnie
d'un fan J. Marc Villebasse, qui s'est mis à l'orgue pour faire
le cinquième. Ces bandes n'ont pas été exploitées.
Sort pourtant à cette période la cassette OUFF 91 réalisée
par Emmetrop (autre asso de Bourges) et distribuée par le Silence
de la Rue. 1 titre, "D.J" mais c'est Michto qui tient les
baguettes.
Après deux mois sans nouvelles de leur batteur, les MGB's redonnent
une chance à Jo Christ qui s'est refait une santé : sortie
d'une démo 4 titres (A shot of RnB/ Eddley Dendle/ Spider Party/
Are you ready for the MGB's ) et première partie des A-Bones.
"Billy et Miriam ont été enchantés par notre
set et l'ont fait savoir partout où ils ont joué après,
on me l'a rapporté, c'est une fierté."
Relations de plus en plus orageuses entre Rapish le despote du rythme
et Primo, le c'est pas moi du punk, qui aboutissent à une seule
guitare chez les Musty. Ils se produisent pour le 10e anniversaire des
Wampas et cassent la baraque. Mais au bout d'un moment, le coeur n'y
est plus, Rapish tout à ses problêmes de fiancée,
perd un peu le fil, et ses accolytes en profitent pour monter les BOEINGTONES
avec l'ancien chanteur des Roller Coasters, Franck Leloup.
Après une année sabbatique, Rapish répète
avec Pat Dessiaume, un ami contrebassiste qui lui présente Blutch
(des futurs Dare Dare Devils) avec lequel il joue du White Rock. Parfois,
Laurent, guitariste des Roller Coaster, rôde dans le local mais
rien ne se fait, Rapish avouant être toujours aussi chiant à
vivre. Il part en studio et enregistre seul une reprise de Luther Johnson
(Rock me slow and easy) Puis c'est la rencontre avec Tony Catto, ex
teddy boy passé dans la maison mod d'en face, avec qui il travaille
pendant un an à ce qui s'annonce comme les prémices des
DUNTS. Bruno rapplique alors qu'il a laissé la basse pendant
l'intermède Boeingtones. Dans la foulée les Roller Coaster
(toujours eux) leur proposent la première partie de leur concert
pour la sortie de l'album. Il faut trouver un batteur. En 15 jours et
quelques repets un répertoire est monté avec l'apport
de Ludo qui, même s'il ne maitrise pas totalement son drum kit
se revèle ce soir là parfaitement à la hauteur,
si bien que les concerts locaux s'enfilent comme des perles dans une
ambiance très... Dunts. Ils enregistrent avec Ludo le titre "Atomic
College" pour la compil Roller Asso Stupid movies by stupid bands
for stupid people, et à leurs grands regrets, se séparent
de Ludunts qui n'a pas suffisament progressé en 6 mois.
Les Dunts se présentent au Cosmic trip avec Eric Leloup batteur
rugbymen à casquette, intégré depuis un mois. C'est
là que je les découvre. Passage au Chambé T Rock,
promesse d'enregistrement. Mais là, la fermeture de leur local
et des catastrophes familiales font que les Dunts sont en stand by pendant
10 mois. Tony Catto désire prendre du recul devant les nombreuses
sollicitations dont ils sont l'objet. Arrivée de Max (en congé
des Stinky Foots) pour le remplacement de Mr Catto. Départ de
Rick Wolf pour surcharge d'emploi du temps. Confiance est faite à
Risto qui reprend les baguettes. Ils s'apprètent à enregistrer
en studio afin d'honorer leur parole lorsque Max (qui aura assuré
un intérim de 4 mois) leur annonce qu'il arrête les frais
pour reprendre la ferme familiale. Revient dans le giron Dunts J.M Downtown
qui s'y colle à la basse. Mais de nouveau la perte de proches
repousse d'encore 6 mois leur entrée au Sonic Studio à
Limoges où ils enregistrent 6 titres. Deux pour un single 45t
enfin sorti sur Larsen "We got time" et "Too many Causes
for rebels", deux compos d'excellente facture qui marquent d'entrée
le style Dunts, pas la face twist qu'on connait bien sur scène,
mais un truc bien garage entre Lyres et Saints, avec bien sûr
une grosse dose d'Âme ! un autre titre pour la compil Sexadelic
Party "Duntsin' with you" et 3 autres envoyés à
Gas oil rds puisqu'ils avaient donné leur parole aussi en Bretagne.
Mais deux ans, c'est bien long et ces morceaux sortiront finalement
sur la prochaine compil Roller et sur ce split EP avec "Off the
Hook", une compo signée Jagger/ Richard en 65 pour l'album
Now, et remise au goût soul et de quelle manière par les
Dunts. On y retrouve là les grands moments ondulatoires des concerts,
Boogaloo et Hully Gully à go-go joué par un groupe de
pubrock sauvage et élégant, le vrai bon cocktail de garage
et de Rhythm & Blues. Les petits gars du Cher l'ont réussi,
comme en leurs temps Question Mark ou Sam the Sham. Vous pouvez être
donc sûrs que le jumelage Bourges/Chambery ("Dans Chambery,
y a Berry!") est parti pour durer, et qu'on ne ratera pas une occasion
de partager à nouveau quelques vibrations sonores et autres produits
locaux avec Rapish et ses Dunts.
(in Larsen 18)